Les aventures d’un parrain DMP à Lyon en juin aux Assises de la Protection de l’Enfance

En mars 2024, j’ai été missionné  par DMP (association de parrainage du Bas Rhin, Dessine-moi une Passerelle) et l’UNAPP  pour être « grand témoin » aux Assises Nationales de la Protection de l’Enfance à Lyon fin juin. Il y a pire comme mission, non? Mais j’ai quand même eu un p’tit moment d’hésitation avant d’accepter : pourquoi moi ???? y a personne d’autre dans ce beau pays pour faire cela ???? J’ai peut-être été choisi par DMP et l’UNAPP car j’ai mis sur pied cette année un groupe de marraines et parrains d’ados au sein de DMP, intitulé la Passerelle des Grands, visant à nous soutenir réciproquement (pour nos peines de parrainage) et à nous encourager (pour nos réussites). Et comme la thématique des Assises 2024 c’était les adolescents j’ai été désigné volontaire par ce biais, probablement.

J’ai proposé à mon filleul, Lucas 16 ans ½, de venir avec moi. Il m’a envoyé bouler du tac au tac : « j’ai pas le temps de faire le beau à Lyon, j’ai du taf au garage moi, laisse-moi bosser ! ». Cet ado, pupille de l’état, que je parraine depuis 2022, est en effet en apprentissage bac pro mécanicien dans un garage de notre p’tite ville. Du coup il est tout le temps fourgué chez nous. Pour notre plus grand plaisir.. Avec les joies (beaucoup) et les peines (quelques-unes) qui vont avec..

Durant ce printemps j’ai fait un mini tour de France téléphonique en échangeant avec des marraines et parrains d’ados qui m’ont exposé leurs succès et leurs difficultés. J’ai été impressionné par la bienveillance de toutes ces personnes envers leurs filleuls/filleules. Que de temps et d’énergie consacrés à tous ces jeunes gens ! Ma mission aux Assises était de transmettre leur parole.

Et me voilà arrivé au Parc des Expos à Lyon, frais comme un gardon, jeudi 27 juin à 8h45. Mais que de monde, que de monde ! Une immense salle (on se croirait au Zénith) remplie d’éducateurs, de travailleurs sociaux. A mon avis tous les enfants de France et de Navarre confiés à l’ASE étaient en roue libre pendant ces 2 jours. Tous les éducateurs des foyers français étaient certainement à Lyon à ce moment-là..

Est-ce que j’ai appris des choses ? Oui ! Plein de choses ! Car il y avait beaucoup de « sachants » qui savent beaucoup de choses et qui avaient à cœur de partager leur très large savoir lors des différentes interventions. Mais les plus émouvants ça n’étaient pas eux.. mais les gamins ASE, c’est-à-dire les ados encore confiés, les jeunes adultes anciens de l’ASE. Ce sont vraiment eux qui savent ce qu’est être un enfant confié. Avec beaucoup de dignité ils ont exprimé ce qu’ils vivent/ont vécu avec leurs tripes. En effet l’ASE les sauve (en les sortant de leur vie familiale très très compliquée) et, par après, les enfonce (pour beaucoup d’entre eux, pas tous, et sans que les travailleurs sociaux ou éducateurs ne le fassent exprès, bien au contraire) : une vie en institution avec toutes les contraintes inhérentes, le bruit, les difficultés à faire ses devoirs, les violences, les changements d’éducateurs, les changements de foyer, la santé qui en patine, le moral qui flanche, peu de liens d’affection sincères et désintéressés etc etc.

Et le parrainage là-dedans ?? J’ai tenté, plus ou moins maladroitement, lors d’un atelier de défendre la cause des enfants en militant pour que beaucoup plus d’entre eux puissent bénéficier d’un parrainage de proximité. Le parrainage leur apporte, ne serait-ce que de temps à autre, une vie en famille (non dysfonctionnelle mais avec ses propres contraintes), une ouverture au monde, un soutien désintéressé même quand « ça ne va pas », des liens d’affection forts qui font que parrain/marraine sont des points d’attache/de référence pour ces adolescents pris dans un tourbillon. Les difficultés propres de l’adolescence (comme celles vécues par nos propres enfants au même âge), les changements d’éducateurs référents, de foyers, de familles d’accueil, les changements de travailleurs sociaux référents, de juges des enfants, la vie chaotique de leurs parents biologiques font que nos filleuls sont pris dans un maelstrom qui peut les noyer. J’essaye de maintenir la tête de Lucas au-dessus de l’eau pour l’amener doucement sur les berges très proches de sa vie d’adulte. Sa marraine (Lucas a un double parrainage) en fait de même depuis plus longtemps que moi. Et vous, chers marraines et parrains, vous êtes également embarqués là-dedans avec un dévouement remarquable. Il nous faut militer auprès des autorités (en passant, actuellement, c’est qui le ministre en charge des enfants confiés ?? 🙂 ), auprès des conseils départementaux, auprès de l’ASE pour faire avancer la belle cause du parrainage.

La problématique des Assises 2025  portera sur « les liens d’attachement ». Une belle thématique pour nous, non ? Qui voudra me succéder l’an prochain ? Je vous laisse réfléchir et vous souhaite, en attendant, à toutes et à tous, un très bel été.

Parrain Didier

Témoignage de Didier – Parrain de Lucas, aux assises de la protection de l’enfance

Je suis très heureuse d’accueillir depuis quelques mois un petit bonhomme, (placé en maison d’enfants) le week-end et bientôt durant les vacances !

Il a pris très vite sa place et dès qu’il repart, ça fait déjà un vide à la maison et on a hâte de le revoir !
Si l’association n’existait pas, on ne se serait jamais rencontré…

Merci à vous d’exister ! Vous apportez du soleil dans la vie de nombreuses personnes.

Mélanie
Marraine et travailleur social

Nous avons constaté que des liens se créent lors des cours de soutien scolaire organisés conjointement par le CCAS et l’école, nous avons favorisé ces liens par un parrainage plus concret avec pour objectif d’ouvrir de nouveaux horizons aux enfants mais aussi moins de solitude pour certains bénévoles. Tout le monde est gagnant.

Marianne
Conseillère municipale en charge d’un CCAS

Professionnel dans le travail social, tu éprouves vite les limites des dispositifs « pensés pour » mais les gens n’entrent pas « dans le moule » ! On gère l’individu et non l’ensemble de la personne qui ne se révèlera qu’à travers sa relation aux autres » « Notre action, je la pense en « coopération d’acteurs » professionnels, bénévoles engagés, élus, personnes concernées dans la diversité sinon « les choses sont tronquée.

Pierre
Éducateur spécialisé

C’est un échange constant, enrichissant, permettant à tous de mieux comprendre l’autre. Il doit être sans jugement pour que chacun ait confiance en l’autre

Marie
Marraine

Je me sentais dénigrée jusqu’à ce qu’un lien de confiance existe avec une personne rencontrée dans un groupe de pairs où la parentalité ne se subit pas, elle se vit. Avec l’empathie et surtout le non-jugement, nous avons créé une dynamique pour impliquer chacun dans la construction de ses réponses ; ça m’a permis d’accepter le regard des autres sur mon enfant

Bénédicte
Maman de 3 enfants avec un garçon en situation de handicap

Les animaux, la nature je connaissais bien mais je n’ai pas pu passer mon CAP agricole- tous les autres savaient conduire le tracteur – on n’a jamais trouvé quelqu’un pour m’apprendre à moi, finalement, c’est avec mon parrain de la mission locale qu’on a pu trouver une solution, depuis j’ai trouvé un stage en horticulture

Joseph
Un projet professionnel en tête mais pas de réseau pour l’informer et l’aider

Ma Chance , c’est d’avoir trouvé des personnes disponibles pour moi. Ils sont toujours là, c’est important toutes ces bonnes ressources pour avancer dans la vie !

Sidoine
Migrant mineur à son arrivée